Exposition OPUS

Le terme « opus » sert à désigner un morceau dans l’oeuvre d’un compositeur et à été choisi comme titre de l’exposition à la Maison de la Culture Brompton car elle rassemble les dernières oeuvres liées à l’univers musical de Sébastien Pesot. Quatre propositions se présentent sous la forme de photographies (Crash 1 et la série Pavillon), d’une installation audiovidéo (Instrumentalisation) et d’une monobande (Démarche Orchestrale).

Évoluant comme artiste dans l’univers de l’image en mouvement, Crash est la première série d’impressions sur papier présentée par Sébastien Pesot. Le type de cymbale numérisé pour cette série fait le pont entre le passé de percussionniste de l’artiste et sa pratique actuelle. Les images représentent ici le passage du son et du temps, mais aussi celui d’une pratique à une autre. Dans cette série, l’artiste nous fait découvrir la matérialité des cymbales. Ainsi, il est possible de voir les aspérités formées dans cette matière, les surfaces frappées par les baguettes, les fissures, les sillons sur certaines, etc. Sans entendre le son que les cymbales émettent, il est possible d’imaginer que ces changements dans leur aspect affectent leur sonorité. Ce rapprochement, qui met l’accent aussi sur la rondeur, évoque tout à la fois l’oeil, une planète. Les trous, décontextualisés, peuvent être interprétés comme le « crash » d’une masse dans cette matière organique composée de métal. L’artiste y voit également dans ces ouvertures sombres le creuset d’une intrigue métaphysique. Il est aussi question du passage du temps, celui-ci marquant le tempo lors de l’utilisation en temps réel, mais dans ce contexte, il fixe les instruments dans un moment précis, il les matérialise. Si jadis, les coups portés sur les cymbales pouvaient sembler violents, leurs images ainsi immortalisées deviennent poétiques.

La série Pavillon s’inscrit en continuité du travail entamé avec Crash et utilise également l’instrument de musique comme sujet de recherche. Bien que le titre nous donne un indice, ces images restent intrigantes. La série est composée de cinq oeuvres dont quatre pavillons de trompettes et une embouchure. Comme dans la précédente série, on retrouve du métal texturé, cabossé, usé et englobant un espace sans fond. Chaque élément est scruté de près. Encore une fois, la matérialité de l’instrument prend une place prépondérante dans ces images. On sent l’aspect lisse, la dorure, l’éclat, la porosité de certains pavillons et l’on comprend que chaque instrument est différent. Le vide qui est aussi représenté, comme un trou noir qui absorbe toute lumière, souligne métaphoriquement la présence de sons, qu’on ne peut entendre que par le détour de l’imagination. Pavillon est aussi un espace, celui entre les deux extrémités d’une trompette, le début et la fin.

Le triptyque audio-vidéo Instrumentalisation est une représentation sonore et visuelle du corps de Pesot découpé par trois écrans correspondant à la partie supérieure, médiane et inférieure de l’artiste. Cette composition rythmique et ludique n’est pas sans rappeler certains livres d’enfants fonctionnant à l’aide de panneaux qui permettent d’interchanger diverses parties du corps de différents personnages. Instrumentalisation est un jeu formel et temporel qui utilise l’image du corps de l’artiste comme matériau. Pesot « instrumentalise » ainsi son corps en instrument de musique percussif. Le montage audiovidéo propose une synchronie de rythmes et de formes exploratoires, se rapprochant plus d’une recherche plastique que d’une composition musicale.

La monobande Démarche orchestrale est filmée à l’aide d’un gros plan fixe sur la bouche de l’artiste qui récite sa démarche artistique. Mais ce plan-séquence ne reconstitue pas complètement sa démarche, puisque les mots-clés du texte sont rendus inaudibles par des sons de trompettes et de cymbales qui superposent les mots. Avec ce jeu critique, formel et sonore, l’artiste se questionne sur la manière d’utiliser un texte qui porte sur le processus créateur, une fois énoncé à l’intérieur d’une production artistique que ce texte cherche à cerner. En plus de l’ironie de la situation, une distance sur le texte est créée, puisque celui-ci en vient à être dématérialisé, ou même métamorphosé, passant du statut de texte sur la création à oeuvre même. La durée de la monobande correspond à la lecture de la démarche artistique, soit un peu plus d’une minute.

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